Prévisions des médailles olympiques à Tokyo

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Hans van Essen (NED)

est l’éditeur en chef et le fournisseur de contenu créatif pour le site Judo Inside. En tant que journaliste Van Essen a visité un nombre incalculable d’événements. Ce judoka ceinture noire a dirigé les conférences de presse internationales aux Jeux olympiques de Sydney et d’Athènes et de divers championnats du monde et d’Europe. Il a de plus été responsable du service de presse lors de nombreux championnats du monde. Sa connaissance incomparable du judo international sera l’un de nos principaux facteurs de succès pour ce tout nouveau blogue.

Par Hans van Essen (NED) judoinside.com

Prévisions des médailles olympiques à Tokyo

Seul un talent individuel peut actuellement renverser la domination japonaise

Les attentes concernant les médailles sont un sujet qui passionne tout le monde. Avec Tokyo 2020 en tête, les championnats du monde 2018 devraient nous donner une idée des tendances pour Tokyo. Même s’il est difficile, voire impossible de prévoir les résultats aux Jeux olympiques, les championnats du monde à Bakou nous ont montré la dominance actuelle du Japon. Avec l’avantage du terrain, il est aussi intéressant de retourner aux résultats des championnats du monde de Tokyo en 2010, lors desquels le Japon avait remporté 8 médailles d’or, soit une de plus que cette année. Nous savons aussi que lors des championnats du monde, il est plus difficile pour les petits pays de gagner des médailles, car les pays les plus forts vont inscrire deux athlètes par catégorie et se présenter avec une équipe complète de 18 athlètes.

Les Jeux olympiques présenteront un tout autre tableau : un seul athlète par catégorie par pays, moins d’hommes, plus de femmes. La compétition pour obtenir une place aux Olympiques va devenir plus difficile pour les hommes. Nous savons tous que les Jeux olympiques ont quelque chose de plus. Des choses inattendues vont se produire, et les favoris ne repartent pas toujours avec la médaille d’or. Cependant, il est certain que l’avantage du terrain va jouer un rôle. Ceux qui peuvent gérer la pression vont triompher.

Regardons les statistiques et comparons les championnats du monde de 2014 avec les résultats des Jeux olympiques de Rio en 2016. En 2014, à Tcheliabinsk, également 2 ans avant les Olympiques, le Japon n’était pas aussi dominant qu’aujourd’hui. Les Jeux de Londres n’ont pas bien été pour le Japon avec une seule médaille. Plusieurs changements de politiques ont eu lieu ensuite. En Russie, l’équipe japonaise était toujours dominante avec 4 titres mondiaux et un modeste total de 9 médailles, ce qui représentait 10 % du lot. Nous savons que le Japon a de bons pointeurs. C’est une qualité de gagner les combats en finale, et ils y excellent. Les 4 médailles d’or représentaient 28 % de toutes les médailles d’or.

La part de marché du Japon

En 2016, le Japon avait réalisé un énorme progrès par rapport à 2 ans auparavant : 28 % des médailles totales et 7 titres olympiques, soit 50 % des titres. En 2004, le Japon avait remporté 8 médailles d’or, 4 en 2008 à Pékin, et une seule en 2012, remportée par Kaori Matsumoto, qui a également remporté le bronze à Rio. Avec les positions doubles dans certaines catégories, nous pouvons nous attendre au même nombre de médailles d’or à Tokyo, en 2020, qu’en ce moment. Chez les hommes -60 kg, -66 kg et -73 kg, et chez les femmes -52 kg et -70 kg, le Japon a des perspectives stables de succès pour le futur, et nous savons que leur équipe compte actuellement les champions du monde en -57 kg, -78 kg et +78 kg.

En regardant les résultats en -73 kg, Ono devient un choix logique, mais il ne faut pas oublier l’excellente performance de An Chang-Rim, également en -73 kg, qui a obtenu un résultat incroyable dans la catégorie la plus compétitive. La Corée a pris le second rang au tableau des médailles avec 2 médailles d’or, incluant la surprenante victoire de Cho Gu-Ham en -100 kg. La Corée semble revenue sur la bonne voie après 2 médailles d’argent à Rio et aucune en 2014. L’alignement est prêt et avec An, An et Cho, l’équipe masculine est forte, mais le reste est plutôt faible, à l’exception de Jeong en -48 kg.

La France a remporté 2 titres olympiques en 2016, 2 titres mondiaux en 2014 et 1 en 2018, sans Riner. Ces chiffres représentent 7 % dans chaque catégorie; malgré le titre de Guram Tushishvili, Teddy Riner et le triple champion du monde Agbegnenou sont les réels favoris pour Tokyo pour le moment.

Les Géorgiens ont montré leur vulnérabilité, mais ils seront tout de même assez forts pour aller chercher quelques médailles. L’or de Tushishvili était extraordinaire et bien mérité, grâce à son judo superbe et audacieux. L’engagement total de l’équipe est typique pour leurs méthodes d’entraînement alternatives, mais elles donnent généralement de bons résultats lors des tournois majeurs. Considérons leurs mains vides lors du championnat européen de Tel-Aviv comme une erreur de parcours. Même dans une catégorie plus élevée, Varlam Liparteliani peut encore se retrouver parmi les 3 premiers. Cependant, avec tellement de potentiel en -90 kg, il devrait pouvoir y gagner des médailles.

À la hausse :

L’équipe iranienne a clairement eu un regain d’énergie suite à la médaille d’or de Saeid Mollaei. Il s’agit définitivement d’un pays ayant un bel avenir en judo. Ce titre mondial permettra d’aller chercher plus de jeunes athlètes qui pourront performer au niveau élite.

L’Espagne a célébré la première médaille d’or de son histoire pour un homme. Nikoloz Sherazadishvili (originaire de la Géorgie) a réussi l’impossible dans sa catégorie compétitive. Ce n’est pas une garantie, mais il s’agit tout de même d’un bon coup pour l’Espagne.

La Mongolie est toujours à la hausse, mais malgré le grand potentiel dans certaines catégories masculines, le chemin vers le succès se fait lentement. Trois médailles de bronze représentent un bon résultat, mais la perte du titre mondial en -57 kg a fait mal. Malgré tout, en général, la Mongolie reste très performante.

L’Azerbaïdjan est très fort dans certaines catégories masculines; les résultats sont comparables à la Géorgie, et ils sont très forts en -73 kg. Toutefois, Rustam Orujov se retrouvera bientôt en -81 kg. Kokauri était une médaille en prime, mais nous pouvons nous attendre à des résultats semblables aux Olympiques : un succès soudain, selon la forme ressentie le jour du combat. Sherazadishvili, Cho, Hamada (à sa fête) étaient en grande forme. Nous pouvons compter sur une forte équipe azérie.

Le Canada est dans une pente montante, et la médaille de bronze de Christa Deguchi est une bonne motivation, mais il y a place à l’amélioration. Bakou 2018 aurait pu être encore meilleur.

La Turquie excelle en importation de nouvelles recrues. L’autrefois géorgien et grec Vedat Albayrak, maintenant avec la Turquie, en est un bon exemple. Il a remporté le bronze en -81 kg. Le vice-champion du monde de l’an dernier, Mikhail Ozerler, qui représentait la Slovénie. Les Émirats arabes unis, qui acquièrent aussi plusieurs talents, n’ont pu retenir l’espoir de médaille en 2018. Ils ont toutefois réussi à attirer trois des meilleurs athlètes mongoliens.

Le Kosovo a été décevant à Bakou, mais ils sont en train de se bâtir une équipe forte. Malgré l’absence de Kelmendi, ils comptent tout de même les frères et sœurs Gjakova, Krasniqi et Kuka, préparant leur éventail de candidats pour 2020.

À la baisse :

Avec la médaille de bronze pour Erika Miranda, les mondiaux 2018 n’ont pas bien été pour le Brésil. Les trois combats perdus pour le bronze donnent un peu d’espoir, mais le budget a été diminué depuis 2016, et l’équipe féminine est prête pour un renouveau avec du sang frais. Jessica Pereira est un bon espoir de médaille en -52 kg, mais elle se trouve entre les têtes d’affiche Miranda et Rafaela Silva, qui n’arrive pas à livrer à chaque tournoi.

Les pays panaméricains performent bien individuellement, mais les États-Unis sont sur une pente descendante sans les héros des Olympiques de 2016, et Cuba n’est plus ce qu’il était malgré 2 médailles d’argent. Alvear performe bien, comme le prouve sa sixième médaille de mondiaux, mais elle est seule.

En 2014, 2016 et 2018, l’Allemagne a toujours remporté une médaille de bronze. C’est trop peu pour un pays avec une telle culture du sport, une mentalité de gagnant et une bonne réputation en judo. Par contre, l’équipe a une réelle chance de médaille dans le tournoi par équipe. Le titre mondial en 2017 a permis un bref regain pour l’Allemagne, mais dans les médailles individuelles, c’était un excellent résultat de voir Ressel et, surtout, Wieczerzak se démarquer. Les résultats de l’Allemagne sont typiques des autres pays d’Europe de l’Est qui souffrent actuellement de la compétition mondiale : les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, l’Autriche, la Pologne, la Belgique et l’Espagne produisent de bons judokas, mais ils ne sont plus ce qu’ils étaient, et ils remportent le gros lot une fois par décennie. Avec les nouveaux pays forts en judo comme l’Iran, le Kazakhstan, la Mongolie, l’Ouzbékistan, le Kosovo et Israël, la part de médailles des pays traditionnels européens diminue. Remarquablement, l’Italie reste dans sa position et a réussi à briller lors des Jeux olympiques. L’esprit olympique les a enflammés, même si le succès dépend parfois de la première journée; rappelons-nous la Russie en 2012.

Succès individuels

Bien que Mollaei, Bilodid et Kelmendi aient obtenu des résultats incroyables, ils devraient créer un effet d’entraînement et générer plus de succès grâce à leur popularité. Tout comme Zantaraia l’a été pour Bilodid, la plus jeune championne du monde de l’histoire, celle-ci deviendra une icône en Ukraine. Ils sont les deux têtes d’affiche et font un excellent travail. Il faut aussi mentionner qu’ils sont accessibles; ils restent des personnes et sont gentils, polis et humbles, mais ils sont conscients de leur impact. Chaque succès demande un investissement, mais le gain en vaut la peine.

En 2020, on peut compter sur la Corée, la France et la Géorgie dans la course pour l’or et pour rendre la tâche aussi difficile que possible pour le Japon. Avec les championnats du monde 2019 à Tokyo, ils seront dominants; il peut s’agir d’un piège pour 2020, mais ils ont certainement compris la leçon depuis les Jeux olympiques de 2012.

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