Vous souvenez-vous des Jeux olympiques de Tokyo en 1964?

Les exemples pour illustrer ce changement de paradigme sont légion
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22 octobre 1964, à Tokyo les Jeux olympiques se déroulent, aujourd’hui vont combattre les poids lourds la catégorie comprend 15 judokas dont Doug Rogers, candidat canadien qui a le potentiel de gagner une médaille.

Outre Rogers, Chikviladze de l’URSS, Kiknadze également de l’URSS, Inokuma du Japon et Kim Jong-Dal de Corée. Ils pourraient tous remporter la médaille d’or. Les combats du tournoi à la ronde étaient assez ennuyeux en fait. Kiknadze avait battu le Néerlandais Joop Gouweleeuw dans l’un des bons combats, mais était opposé à Doug Rogers. Rogers a affronté le taureau fou Chikviladze et a démontré une évidente maturation dans la finesse de son judo ce qui lui a manqué de façons si évidentes il y a un an dans ses apparitions préolympiques et lors de sa défaite par décision face au grand Shigematsu du Japon. Le Russe, stimulé par sa victoire facile contre Harris des États-Unis, a essayé de malmener Rogers, mais a constaté que Rogers ne se laisse pas facilement malmener. De ses 275 livres, Rogers se tenait agile et rapide, nettement trompeur pour un homme de sa taille. Alors que le taureau russe chargeait, Rogers a lancé un te-waza surprise sous la forme d’un faux o-soto-gari, le transformant rapidement en uki-otoshi avec une grande et forte action de la main et du corps. Le grand Russe a perdu pied et est tombé sur le tapis, mais a réussi à se sauver de l’ippon avec un effort désespéré d’une de ses grandes mains ressemblant à une patte (ce taureau russe a des pattes). Rogers continue sa tactique basée sur son agilité et a évité les ruées folles du Russe furieux, qui avec le temps s’écoulant contre sa faveur, s’est rendu compte qu’il tirait de l’arrière. Le Russe avait été complètement inefficace contre Rogers, sauf pour épuiser une bonne partie de l’énergie du Canadien, mais comme le grand champion qu’il est, Rogers s’est mis au travail et était clairement supérieur lors des échanges debout et aux prises de gardes. Le temps écoulé la décision va à Rogers.

Kiknadze, qui avait peu travaillé dans les combats du tournoi à la ronde, a été éliminé en demi-finale. Inokuma, le judoka émérite du Kodokan a rencontré le Coréen Kim et a imposé sa puissante compétence de lutte en exécutant un parfait kuzure Kamishio-gatame alors qu’il jetait le Coréen sur le tapis après une tentative d’attaque placée trop haut par la Corée. Inokuma n’a pas été ébranlé, car il a contré Kim sauvegardant son énergie pour les défis plus difficiles à venir. Kim abandonne sous la puissante emprise de l’osaekomi d’Inokuma, se plaignant de son incapacité à respirer.

Inokuma faisait maintenant face à son vieil ennemi, l’ours russe Kiknadze. Le temps file dans ce combat. Soudain, Kiknadze fut soulevé au-dessus d’Inokuma avec une technique insoupçonnée… pas le seoi-nage, pas le tai-otoshi, mais un mélange des deux. Le Russe a poursuivi son vol et a atterri à l’intérieur du tapis, mais avec ses jambes suspendues au bord, Kiknadze momentanément en équilibre alors que le rugissement de la foule assourdissait appel l’ippon de l’arbitre, mais tous connaissaient la décision alors qu’Inokuma se retournait, se levait et s’éloignait… souriant.

Avec Kiknadze sur le chemin des douches, Inokuma fait face à son plus gros test… Champion du Canada Doug Rogers. Inokuma, longtemps partenaire d’entraînement de Rogers, savait que le Canadien s’était amélioré,il avait aussi réalisé que Rogers n’avait pas son expérience et plus, Rogers était très fatigué de son combat avec Chikviladze.

La finale a commencé. Le Kuma fait des entrées prudentes avec des ouchi-gari, elles s’avèrent inutiles, Rogers savait qu’Inokuma voulait utiliser son seoi-nage et tai-otoshi et que l’ouchi-gari n’était qu’un appât. Tête à tête, Rogers lance sa propre tentative d’uchimata qui est également inutile contre la défense impénétrable comme une roche d’Inokuma. Le Japonais est toujours agressif et charge en avant; Rogers d’une souplesse trompeuse reste alerte puisqu’il anticipe le seoinage et le tai-otoshi. Rogers est sûr d’être supérieur dans les situations de katame où son avantage de 75 livres serait un atout, il a vaillamment tenté d’amener le Kuma sur le tapis en vain. Le tai-otoshi d’Inokuma a foudroyé Rogers… Le Canadien a fait un pas, mais a été renversé à l’extérieur du tapis. Un autre tai-otoshi et Rogers à basculer, il s’est retourné et chuta… À l’extérieur du tapis et heureusement pour Rogers, aucun point. Inokuma semblant avoir les mêmes problèmes qu’un débutant en ping-pong qui ne peut pas garder la balle sur la table, Inokuma a mis Rogers un peu sur la défensive. Rogers a fait une solide tentative d’ashi-barai qui par la brise a dû donner à la première rangée une pneumonie, alors que Rogers a travaillé le Kuma dans un coin qui rappelle étrangement l’incident de Kiknadze et s’est fait joliment lancé avec un pur ippon-seoi-nage dont seule le Kuma peut exécuter. Un bruit de chute se fait entendre alors que Rogers flirtait avec le destin ou la chance alors qu’il tombait à l’extérieur du tapis. À la cloche, Inokuma a obtenu une décision claire et les spectateurs du Budokan se sont déchaînés. Les deux Judokas sont extrêmement populaires auprès du public et suivant leur accolade démontrant leur esprit sportif et amitié, le public a hurlé leur approbation. Inokuma a ainsi apporté au Japon sa troisième médaille d’or olympique en judo, Rogers a remporté l’argent pour le Canada, la première des cinq médailles olympiques pour le Canada.

Cet article a été écrit par Frank Hatashita pour Judo World in Canada

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